samedi 12 mars 2011

Saumur : La Jérusalem des Nécrophiles

Me voilà à vous, d'une humeur assez maussade. Alors qu'à ma fenêtre, il pleut, moi, je prends ma plume. Pourquoi me direz-vous ? Parce que malgré la pluie, j'avais décidé de sortir un peu prendre du bon temps en taverne, quand, me trouvant face à des étrangers, je vis en eux un potentiel sujet d'article de journal. Car après tout, qui dit "Étranger" dit "Relative Objectivité", non ? Si tant est du moins que l'étranger en question ne soit pas Bourguignon, car les bourguignons ont toujours tort et même quand ils s'évertuent à dire une vérité, celle-ci trouve un moyen d'être fausse. C'est d'ailleurs comme ça que naissent les exceptions ! Hé oui, vous ne vous en doutiez peut-être pas mais c'est grâce, ou du moins à cause des Yourkis, qu'il existe des exceptions à toutes nos règles. Par exemple autrefois, il était bien connu que les animaux sauvages vivaient seuls, en paix et sans besoin d'aucun être humain; et puis un jour un Yourki, dépité par cet état de fait, s'est pris à dire "Ah ... Il est bien connu que les animaux sauvages ne peuvent être domestiqués" et depuis ce jour il est possible de voir que TOUS les animaux peuvent être domestiqués. Tous. Oui ... TOUS !!! Un chien, un chat, un cheval, un moineau par exemple, mais là on reste dans l'ordre de l'ordinaire. Mais aussi un perroquet, un loup, un aigle, un tigre, un lion, un écureuil, une abeille, une fourmi, un scarabée, un putois. Et c'est ainsi que de nos jours, il peut arriver que l'on croise des Bourguignons qui se baladent dans la rue accompagné d'un sacré bestiaire, des Bourguignons qui nous expliquent aussi parfois qu'ils ont été élevés par des loups qui les emmenaient bien évidemment  parfois en vacance chez leurs tontons les ours... Ah... Sacrés Bourguignons !

Hum, mais c'est que je m'égare de l'objet de ma mauvaise humeur, et que même si cela me fait du bien de cracher sur les Yourkignons, il va falloir que j'arrête ça vite parce qu'on n’est pas là pour ça mais pour parler de notre ville de Saumur et du pourquoi me voilà en ce moment de mauvaise humeur. Hé bien, tout simplement parce qu’après avoir fait la rencontre d'étrangers en taverne, je leur posais la question qui me taraudait l'esprit, à savoir : "Comment trouvez-vous Saumur ?". Réponse unanime face à cette question : "Vide". "Et c'est tout ? Osai-je alors leur demander d'une voix indiquant ma déception de voir ma ville ainsi résumée à un mot si simple et si médiocre". Ils me répondirent alors que oui, c'était tout ce qu'il y avait à dire sur notre belle et tendre ville de Saumur.

La tradition eut voulu que je leur jette des cailloux d'office - et je suis sur que Père aurait fait ça mieux que personne - toutefois la prise de conscience de cette réalité du néant saumurois me fit réfléchir sur ma ville. En effet, il n'y avait pas à dire elle était vide. Mais pourtant n'est-elle pas la ville la plus peuplée du duché ? Par quelle magie alors arrivons-nous à être une ville fantôme tout en étant la ville la plus peuplée de toute la contrée ?

J'avoue ne pas avoir de réponse à cette question. Je ne sais ce qu'il faut faire pour remuer les choses. Enfin si je me doute bien qu'il faut créer des animations, blablabla ... Mais concrètement, que faut-il faire ? J'avoue que je ne sais pas. Peut-être que les habitants de Saumur, qu'ils soient de simples paysans ou des membres du conseil ducal, sont devenu des forcenés de travail, peut-être que les habitants de Saumur n'ont plus le temps ou l'envie d'aller en taverne ou de prendre le temps de participer des évènements sur la place publique de Saumur ou même plus surement de les organiser. En fait, je retirerai même ce "peut-être", car je suis sur que c'est cela : Les Saumurois sont des forcenés de travail qui s'attachent à faire de leur mieux en se refusant loisirs, jeux, et autres stupidités qui détendent les corps et les âmes en se disant qu'on ne peut se donner à sa ville ou à son duché que pleinement et qu'il n'y a pas le temps pour du repos.

Toutefois c'est aujourd'hui la ville qui en pâtit, ce contexte sérieux, cette amertume qui couvre la ville répand, aussi bien que ces épais nuages, une pluie maussade de "je-ne-sais-quoi" qui fait qu'à Saumur, on ne sent pas si bien, et qui fait qu'aujourd'hui lorsque des étrangers viennent chez nous, le mot qui qualifie leur passage est "Vide".

Billet d'humeur de Théophraste.